Communiqué de presse : Antonio Seguí à la Maison Triolet Aragon
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Bannière peinture NILS-UDO
Exposition Antonio Seguí
Exposition du 3 février au 21 mai 2018
Affiche Expo NILS-UDO

La Maison Elsa Triolet-Aragon est fière de vous présenter en ouverture de sa saison 2018 les œuvres du peintre argentin Antonio Seguí.


La peinture de Seguí est riche en contrastes de tonalités, en constante interaction entre arrière-plans élaborés et figures multicolores qui traversent la surface de la toile, chacune dans son propre monde. 

L’élément le plus caractéristique du travail de Seguí est un graphisme caricatural qui confère un rythme vibrant au flot de la multitude anonyme, comme pour faire un “nous” qui ne soit pas hostile à la singularité des “je” qui le composent.
Ce qui fait l’originalité de son œuvre, c’est sa capacité à donner à une foule de plusieurs milliers de personnages l’espoir d’une certaine individualité.

Exposition à découvrir du 3 février  au 21 mai 2018

Ouverture tous les jours de 14h à 18h (samedis, dimanches et jours fériés compris). 
Tarif : 5€ (Comprend la visite des expositions, du fonds permanent et du parc)

Rencontre avec Antonio Seguí samedi 17 mars à 15h

Informations sur l'exposition
Reflejos condicionados, 2001
200 x 200 cm, technique mixte sur toile
Photographie : Jean-Louis Losi 
Courtesy Galerie Claude Bernard
En Otoño Empieza el Frío, 1990
200 x 200 cm, huile sur toile
Photographie : Christophe des Brosses
©Jean-Louis Losi
Cosa des Hombres, 1989-1990
200 x 250 cm, technique mixte sur toile
D.R.

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Une rencontre avec Antonio Seguí

Né à Córdoba en 1934, Antonio Seguí vit en France depuis 1963. Il avait entrepris un premier voyage en Europe à dix-sept ans, afin de poursuivre sa formation à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris et à l’Académie royale des Beaux-Arts de San Fernando, à Madrid. De retour en Argentine, il réalise en 1957 sa première exposition personnelle dans une galerie de sa ville natale. Puis il parcourt l’Amérique latine à bord d’une vieille automobile tout terrain et se fixe pendant deux ans au Mexique où il apprend les techniques de la gravure. Il côtoie le muraliste Siqueiros et reçoit un jour la visite d’Edward G. Robinson. L’acteur s’enthousiasme pour son travail et organise une exposition de ses œuvres en Californie. En 1964, établi en France, Seguí déniche un atelier au fond du jardin de l’ancien hôtel particulier d’Émile Raspail, à Arcueil. Une demeure où il réside aujourd’hui et où il me reçoit à l’approche de son quatre-vingtième anniversaire. C’est le jour des obsèques de Nelson Mandela. Il a regardé les images de la cérémonie à la télévision et en a oublié de déjeuner.
« Il y a une chose dont je n’aime pas parler, c’est de mon travail », prévient d’emblée Seguí lorsque nous traversons le jardin pour nous installer dans l’atelier. Il le dit avec un sourire. Pendant notre rencontre, je ne le verrai se départir ni de son humour affable ni de sa calebasse de maté. 

 

— En pensant à votre œuvre, Antonio Seguí, on est tenté de la réunir tout entière sous un titre emprunté à un auto sacramental de Calderón : Le grand théâtre du monde. Vous est-il arrivé de percevoir des analogies entre votre univers pictural et un théâtre conçu comme métaphore du monde ? Un théâtre qui exhibe les masques et les fait tomber. Un théâtre en tant que fiction ou mensonge qui dit vrai…
— À certains moments de mon parcours, oui, c’est évident. Il y a quelques années j’ai réalisé une série de linogravures que j’ai intitulées Le Théâtre de la vie. Même dans le mouvement que je donne aux personnages, il y a quelque chose de la marionnette, mais on n’est pas loin non plus de la caricature. Mon travail, c’est un peu une reconstruction historique de mon enfance. À Córdoba j’ai vécu entouré de revues et de magazines des années quarante où la caricature était omniprésente. C’était un élément à la fois très populaire et très efficace. Dans le même temps, la bande dessinée connaissait en Argentine un âge d’or. Je m’en suis nourri et cela reste à mes yeux très important, surtout dans mon travail graphique. C’est pourquoi aussi je continue de pratiquer la gravure. La gravure n’a rien de commercial mais elle me procure un énorme plaisir. Il me suffit d’en faire et de les garder. Avec la peinture, on se sent plus responsable. Mais dans le travail graphique il y a une joie de la spontanéité et la gravure m’offre en outre la possibilité d’exprimer des choses que les limites de la peinture permettent plus difficilement de faire passer. 
— Diriez-vous que vos années d’enfance sont restées un repère pour vous ? 
— Il y a des moments où j’ai envie de faire des choses que je faisais quand j’étais enfant. Pour moi, le rapport vivant à l’enfance est une clé. Et le compliment le plus fin que l’on puisse me faire, c’est de remarquer cette part d’enfance dans mon travail.

Les personnages qui traversent les œuvres de Seguí forment des multitudes. Ils pullulent, ils déambulent. Le peintre les figure avec une rapidité synthétique, comme dans une sorte de sténographie picturale. On remarque aussi que l’espace de chacune de ses œuvres tend à se prolonger au-delà de ses limites, comme s’il nous donnait à imaginer son extension potentiellement infinie. 
— J’aimerais que vous nous parliez de la dynamique qui se crée entre l’abréviation des personnages et l’expansion de l’espace, car même si les silhouettes saturent l’espace de la toile ou du papier, elles ne le congestionnent pas mais semblent au contraire le dilater. Une impression que conforte également votre façon de travailler par séries. 
— L’espace continue de tous les côtés au-delà des limites de la toile. Mes peintures ont pour cela besoin d’une architecture, même si elle n’est pas apparente. Mon idée de laisser le tableau se prolonger sur tous ses bords est déjà ancienne, ce sont comme des morceaux de papier peint découpés. C’est aussi pourquoi j’ai travaillé par séries, en changeant cependant de matériaux et de techniques d’une série à l’autre, car une sensualité différente en dépend à chaque fois.
Dans la manière de donner forme aux figurines qui peuplent les œuvres du peintre argentin, on a remarqué depuis longtemps la constance de certains attributs comme le chapeau mou et la cravate. Ces éléments font partie d’un lexique iconographique qui rappelle les comics et qui semble signaler un souci de ne pas séparer la culture savante et la culture populaire. L’art de Seguí se caractérise aussi par une dualité entre le sens du stéréotype, notamment à travers la répétition des anatomies synthétiques, et un sens très subtil de la variation et de la nuance. On note à la fois une constance et un renouvellement permanent. 

— Comment les changements de cycles se produisent-ils ? Comment passez-vous d’une série de peintures à une autre ? 
— Quand j’arrête une série de tableaux, je n’en commence pas aussitôt une autre. Je m’accorde en général un intervalle pendant lequel je réalise des sortes de pastiches qui n’ont rien à voir avec le travail précédent. Je me laisse alors guider par le pur plaisir. Il y a quelques années, par exemple, j’ai réalisé des portraits de famille à partir de photos que j’avais trouvées rue de Seine. Ou bien j’ai entrepris une série intermédiaire sur le canotage, autour du thème des loisirs nautiques chez les Impressionnistes, une autre sur les chiens. Ça me permet de ne pas rester désœuvré… Il faut toujours arrêter une série quand la lassitude se fait sentir, et la lassitude vient quand “ça sort” trop bien… »
Antonio Seguí a réalisé il y a quelque temps une série d’œuvres qui lui ont été inspirées par Bernard Madoff, le financier escroc états-unien. C’est par excellence une série où se fait jour une dimension satirique. L’humour pince-sans-rire et le sourire narquois sont des constantes chez le peintre argentin. Un accent satirique plus ou moins discret, jamais trop appuyé, semble se faire jour tout au long de son parcours, même quand la satire n’a pas de cible déterminée. Comme si la satire ou à tout le moins un soupçon d’ironie était chez lui une disposition existentielle. Mais souvent l’on hésite, comme autrefois Théophile Gautier devant L’Enterrement à Ornans de Gustave Courbet : « L’intention de l’auteur a-t-elle été de faire une caricature ou un tableau sérieux ? », se demandait-il en rendant compte dans La Presse du Salon de 1850-1851.
Le moment est venu d’aborder avec Seguí la question du dessin, car tout laisse penser qu’elle lui est chère. Jean-Luc Nancy considère que le dessin est un paradigme pour tous les arts, dans la mesure où il est la forme dans son mouvement naissant. Le philosophe reconnaît aussi dans le dessin un élan et un désir qui se perpétuent au-delà même de l’achèvement de l’œuvre. Il y a un plaisir et une vérité intime du dessin qui dépassent tout projet, toute finalité, toute intention. 

— Quelles réflexions vous inspire la pratique du dessin ? 
— J’ai été professeur à l’École des Beaux-Arts de Paris. À un certain moment, des collègues ont voulu éliminer le dessin de l’enseignement au motif qu’il nuisait à la création. Je n’ai pas compris et je suis parti. Le dessin est pour moi le point de départ et la clé de tout. De la peinture et du dessin lui-même dans sa valeur intrinsèque. Sans dessin il n’y a rien. En tout cas rien de ce à quoi je crois. J’ai une très grande admiration pour les dessins de George Grosz, d’Otto Dix et de tous les expressionnistes allemands. Mais j’aime tout autant les dessins chargés et noirs de Georges Rouault. Picasso, dont j’ai vu récemment des œuvres sur papier des années trente, quel dessinateur fantastique ! Le dessin n’est pas un moyen pauvre, contrairement aux apparences. Il peut y avoir une telle sensibilité dans la ligne… Je pense aussi à la force, à la charge puissante des dessins d’Artaud, alors même qu’on pourrait les juger techniquement assez faibles ! Je peux aimer des dessins très différents…
— Et la couleur dont l’importance n’est pas moins remarquable chez vous ?
— La couleur vient après. C’est le dessin qui va contribuer à guider le choix des couleurs. Mais il y a eu des moments où j’ai pu vivre le rapport du dessin et de la couleur de façon plus simultanée, plus intégrée. Changer de série m’oblige à chercher du nouveau en termes de couleurs et de matières. Au demeurant, ces temps-ci je n’applique pas seulement la couleur, je l’enlève, je veux qu’elle soit absolument impersonnelle, autrement dit qu’on ne voie pas la trace du pinceau. Mais je tiens pourtant à ce que la main travaille, je ne pourrais pas peindre à l’ordinateur comme l’a fait David Hockney sur son iPad, parce qu’une turpitude de la main sera pour moi toujours plus émouvante que la perfection de la machine. 
— Vous vivez en France depuis le début des années soixante, mais vous êtes resté attaché à votre ville natale, Córdoba. Outre le fait qu’elle est le lieu d’une très ancienne université fondée en 1612, quelle spécificité spirituelle lui trouvez-vous par rapport à Buenos Aires ?
— C’est une ville qui se caractérise d’abord par un esprit subversif. C’est à Córdoba qu’a commencé la « Réforme universitaire » de 1918, cet important mouvement étudiant qui revendiqua l’autonomie des universités, leur modernisation et leur démocratisation. Le manifeste du mouvement commençait par ces mots : « La jeunesse argentine de Córdoba aux hommes libres d’Amérique du sud… ». Le mouvement fit tache d’huile dans toute l’Argentine et dans d’autres pays d’Amérique latine. Córdoba se caractérise aussi par un sens de l’humour très spécial. Et par un mépris de Buenos Aires dont il faut dire qu’il n’est pas toujours très juste. C’est l’un des problèmes du pays depuis très longtemps : tout se passe à Buenos Aires, une ville de province compte peu. Buenos Aires pourrait quasiment être l’Argentine à elle-seule.

— J’en reviens à la peinture. Y a-t-il pour vous un mystère dans le renouvellement indéfectible de la joie de peindre ? Vous arrive-t-il de vous interroger à ce propos ?
— Tout ce que je peux dire, c’est que j’ai quatre-vingts ans et que je peins aujourd’hui avec encore plus de plaisir que lorsque j’en avais quarante…

Jean Baptiste Para

Antonio Segui dans son atelier, Arcueil, 1997 © Mariano Garate

1934   Antonio Seguí nait à Córdoba (Argentine). 
1951-54  Voyage en Europe et en Afrique.
Étudie la peinture et la sculpture en France et en Espagne.
1957  Première exposition individuelle en Argentine. Voyage à travers l’Amérique du Sud et l’Amérique Centrale. Séjourne au Mexique où il étudie toutes les techniques de l’estampe. 
1961  Rentre en Argentine. Travaille à Buenos Aires. 
1963  S’installe à Paris, puis à Arcueil, où il vit actuellement. 
 

Sélection d'édition récentes :

 

  • Le Passé mélangé , André Balthazar , illustrations et estampe numérique d'Antonio Seguí, Le Daily-Bul, La Louvière, Belgique, 2016.  
  • L’Homme qui a perdu sa tête, Jean-Loup Philippe, estampes numériques d'Antonio Seguí, Éditions Guillotin, 2016. NILS-UDO Nouvelles Peintures et photographies. Galerie Pierre-Alain Challier, Paris
  • Jeux de chapeaux, Roger Pierre Turine, gravures au carborundum d'Antonio Seguí, Éditions Tandem, Gerpinnes, Belgique, 2016.
  • Le Bruit, les sarcasmes, les sourires, Gilbert Lascault, eaux-fortes et aquatintes d'Antonio Seguí, Imprimées et éditées par l’Atelier Robert et Lydie Dutrou, Parly (Yonne), France, 2013.
  • Un ciel de latrines, Cédric Demangeot, gravures au carborundum d’Antonio Seguí, Cadastre8zéro Éditeur, Laon, France, 2013.
  • Don Hipólito, navegante, Alejandro García Schnetzer
, illustrations d’Antonio Seguí, Comunicarte, Córdoba, Argentine, 2012.


  • Allá en lo verde Hudson, una relectura de Allá lejos y hace tiempo de Guillermo Enrique Hudson

  • Arnaldo Calveyra
, illustrations d’Antonio Seguí, Adriana Hidalgo Editora, Buenos Aires, Argentine, 2012.
  • Sombras de Seguí, Alberto Manguel, gravures au carborundum d'Antonio Seguí, Imprimées et éditées par l’Atelier Pasnic, Paris, France, 2011.
  • Paseo Grande, André Velter
, un livre-récital avec Olivier Deck
et sept poèmes-talismans avec Antonio Seguí
, Éditions Gallimard, Paris, France, 2011.
  • Cartas a Ophélia, Fernando Pessoa
, prologue d’Antonio Tabucchi, illustrations d’Antonio Seguí, Libros del Zorro Rojo, Barcelone, Espagne, 2010.
  • La Forêt du temps, texte inédit d’Henri Vernes, introduction de Daniel Fano, dessins et eau-forte d’Antonio Seguí. La Pierre d'Alun, Bruxelles, Belgique, 2009.
  • L'Amour des trois Oranges, Carlo Gozzi, illustrations et eau-forte d’Antonio Seguí dans les exemplaires de tête. La Délirante, Paris, France, 2009.
  • X-Alta, continuum poétique 1991-2006, Jean-Clarence Lambert, dessins d’Antonio Seguí. Éditions Galilée, collection « Écriture/Figures », Paris, France, 2009.
  • Jorge Luis Borges, Roger Caillois, illustrations d’Antonio Seguí, Fata Morgana, Montpellier, France, 2009.
  • Le Volume des mots, Bernard Noël
, dessins d’Antonio Seguí, Éditions Dumerchez, Liancourt, France, 2007.
  • Les Pièces d'identité d'Antonio Seguí, Alberto Manguel, illustration d’Antonio Seguí
    Imprimerie châtelleraudaise, collection « Cardinaux » n° 95, Châtellerault, France, 2007.
  • Historias de París, Mario Benedetti, illustrations d’Antonio Seguí, Libros del Zorro Rojo, Barcelone – Madrid, Espagne, 2007.

Collections publiques en France :
 

Musée d'Unterlinden, Colmar
Musée de Peinture et de Sculpture, Grenoble
Musée des Beaux-Arts, Lyon
Musée Cantini, Marseille
Cabinet des Estampes, Bibliothèque Nationale, Paris 
Centre National des Arts Plastiques, Fonds National d’Art Contemporain, Paris
Mobilier national et les Manufactures nationales des Gobelins et de Beauvais, Paris 
Musée national d’Art moderne, Centre Georges Pompidou, Paris
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris
Fonds Régional d’Art Contemporain, Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Marseille 
Fonds Départemental d’Art Contemporain, Seine Saint-Denis
Musée des Beaux-Arts, Tourcoing
MAC/VAL, Musée d’Art Contemporain du Val-de-Marne, Vitry-sur-Seine
Galerie Municipale, Vitry-sur-Seine
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INFOS PRATIQUES:

HORAIRES D’OUVERTURE

La Maison Elsa Triolet - Aragon est ouverte tous les jours de 14h à 18h.

• Appartement-musée :
Visites commentées les samedis, dimanches, jours fériés de 14h à 18h et tous les jours en semaine à 16h.

• Parc et expositions :
Tous les jours de 14h à 18h

TARIFS

Tarif plein : 9 € - Tarif réduit : 7 €
Tarif parc et expositions : 5 €
Gratuit pour les moins de 12 ans

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Nous vous accueillons pour une demi-journée ou en journée découverte (minimum 15 personnes).
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